Depuis un an, Bruno Ricard est directeur des Archives nationales. Un territoire qu’il s’est longtemps contenté de traverser pour rallier le Lot-et-Garonne, sa région d’origine depuis l’Oise.
Souriant, Bruno Ricard dégage une certaine quiétude. Preuve manifeste qu’il est heureux ici, aux Archives nationales à Pierrefitte, le plus grand site d’archives d’Europe. D’une superficie de 66000 m2, ce site consacre 420 km à la conservation des archives. La future extension devrait agrandir cet espace de 100 à 150 km. À Pierrefitte, Bruno Ricard a “retrouvé le terrain“.
Auparavant, durant 6 années, il a occupé les postes de chargé de mission puis de sous-directeur au service interministériel des Archives de France. Un peu avant, c’est aux archives diplomatiques, à Nantes, puis aux Archives départementales de Beauvais qu’il a œuvré. Des expériences marquantes pour le quinquagénaire, très attaché à sa terre natale. “Tous les trois mois, je séjourne dans la maison de campagne familiale que j’ai fait restaurer récemment.
“Le passé occupe une place prépondérante dans son quotidien. De son propre aveu, “les archives sont peuplées de données personnelles. Certaines étant sensibles*.“
Parmi les dossiers marquants, il retient la question du droit à l’oubli liée au RGPD. “Nous avons dû demander des dérogations. Sans cela, chacun déciderait ce qu’il laisse comme trace dans l’histoire. Les sources judiciaires sont à garder. Chacun a le droit de connaître son passé, celui de ses ancêtres. Les dossiers de naturalisation, par exemple, sont des puits d’informations pour les descendants d’immigrés.“ La question de l’héritage, voilà une problématique incessante. Pendant son mandat, Bruno Ricard souhaite mener à bien la réalisation du restaurant administratif,
l’extension du bâtiment et poursuivre l’ouverture des archives à tous les publics. Une feuille de route ambitieuse dont il applique les préceptes au quotidien. La programmation annuelle des archives est imaginée dans un seul but : séduire le plus grand nombre. Ça marche ! L’exposition sur les origines de la police scientifique a attiré plus de 7000 visiteurs. L’exposition en lien sur la BD en septembre devrait également séduire. Pour cause, des artistes seront présents…
“Depuis le 1er juillet, les archives de Paris sont devenues gratuites. Ici, elles l’ont toujours été. C’est une satisfaction de voir autant de gens franchir le portillon. Une fois qu’elles l’ont fait, on sait qu’ils reviendront…“ Et on se met à rêver qu’à l’occasion des Journées du Patrimoine, les 19 et 20 septembre, les plus curieux franchissent les portes pour visiter l’institution et découvrir ses missions…
*archives de justice, police, affaires sociales, etc.