Youssef Ayaden, 31 ans, n’a pas les mots pour exprimer sa reconnaissance envers les gens des quartiers sud. Arrivé à Pierrefitte à 12 ans, ce vidéaste passionné a réussi l’exploit de tourner un long-métrage en autoproduction. De son enfance passée sur les marchés de Seine-Saint-Denis, où ses parents tenaient un stand, il a gardé le goût d’entreprendre. Dès 16 ans, il crée ses premières affaires. Et tant pis s’il faut travailler à côté, l’argent n’est pas un moteur : “J’ai toujours eu au moins deux boulots. Je ne cherche pas le confort !“ Les années passant, Youssef accumule les savoir-faire. Mais c’est en tant que publicitaire qu’il se révèle, s’appuyant sur un talent instinctif : “J’ai appris la vidéo et le montage sur le tas. Je réalisais seul les spots publicitaires de mes entreprises.“ Une passion qu’il veut partager : “Dans tout ce que j’entreprends, j’essaie d’impliquer les gens qui m’entourent.“ En 2018, Youssef, en amateur averti, a accumulé un matériel suffisant pour lui donner envie de réaliser une série : “J’ai fait part du projet à des amis. C’est parti comme ça, sur un coup de tête !“ L’aventure démarre en trombe mais le temps de l’écriture sape les meilleures intentions. Avec sa société de production, Wiloproduction, il œuvre pour les autres, s’éloigne de son objectif.
Pour mieux y revenir en 2020. Il transforme alors sa série en film : “Cette fois, j’avais assez de maitrise.“ En juillet, le tournage commence : “Je faisais les repérages, la direction… Mais tout le monde a énormément travaillé. Sans salaire, il fallait en vouloir et y croire !“ Si le rendu est quasi professionnel, Youssef revendique un artisanat familial : “Il y a les jeunes, les vieux, les mamans…“ Dans son esprit, le cinéma est politique, de la fiction qui traduit une réalité : “Le film montre les conséquences des mauvais choix.“ Un an plus tard, le résultat c’est le film Pardon, une production d’1h10, déjà adoubée. En effet, le festival Cinébanlieue l’a sélectionné pour son édition 2021.
S’il ne le perçoit pas comme un aboutissement, Youssef est heureux pour ceux qui ont participé : “Le cinéma nous reconnaît. Mais pour moi Wiloproduction dépasse cela. Je souhaite qu’elle serve les habitants.“ S’il ne sait pas de quoi demain sera fait, il a deux certitudes : le film aura une suite et les bonnes volontés ne manqueront pas : “Les gens se sont investis. Ni pour l’argent ni pour la gloire, juste pour faire quelque chose ensemble.“
Pardon sera présenté au public le 11 novembre à 18h au cinéma l’écran de Saint-Denis